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  Selon les voies ou les époques, la traction des bateaux connaîtra des formes diverses.
    Le moyen le plus simple sera Il le courant libre" des rivières ou des fleuves; les bateaux d'alors étaient utilisés seulement pour la descente, la " remonte" était impossible.

 Sur certaines rivières, on utilisera le système des " éclusées " qui consistait à accumuler l'eau dans des réservoirs par des pertuis ou barrages; à un moment donné, Il le meneur d'eau » ouvrait les écluses et envoyait une chasse dans la rivière, ce qui provoquait une sorte de crue artificielle entraînant les bateaux. Ce système gênait " la remonte » des bateaux et ceux-ci souvent même à la descente, restaient échoués jusqu'à l'éclusée suivante. Le ~1er septembre 1871, les éclusées furent supprimées dans l'Yonne et remplacées par la navigation continue en canalisant la rivière et la Haute-seine.

Le HALAGE à la "BRICOLE", fut en usage sur les canaux jusqu'à l'apparition du moteur; le marinier et parfois toute sa famille s'attachaient à la corde de traction appelée " bricole " et tiraient le bateau. Ce travail était pénible, lent et le chemin parcouru en fin de journée ne dépassait guère 18 à 20 kilomètres.

La TRACTION ANIMALE, par chevaux, ânes ou mulets était pratiquée dans le Centre et l'Est surtout; les bêtes appartenaient soit au marinier qui les logeait à bord, dans une écurie au milieu du bateau, soit à des charretiers, les "longs jours ", qui disposaient d'un certain nombre de relais échelonnés le long de la voie d'eau sur la ligne Paris-le Nord. Le bateau faisait alors 2 à 3 kilomètres à l'heure. En 1935, on comptait encore plus de 1.500 bateaux écurie en France.

Au XVllle siècle, nous avons vu la timide apparition des bateaux à vapeur si décriés par Mistral dans son célèbre poème " Le Rhône" ; il y raconte" comment les sept barques de Maître Apian et leur magnifique équipage de quatre-vingt chevaux, auraient été entraînés dans les flots devant Pont-Saint-Esprit par un monstrueux bateau à feu ". En fait, le premier bateau à vapeur du nom de" Pionnier ", mis en service sur le Rhône, connût une carrière pacifique. 

De plus, ces bateaux à vapeur remplacèrent les coches d'eau pour le transport des voyageurs. Des bateaux à aubes s'organisèrent pour le transport des marchandises entre Paris, Rouen, Le Havre et vers le Nord; ils se développèrent aussi sur la Garonne, le Rhône, la Saône et la Loire

Un autre moyen: LE TOUAGE, qui consiste à faire avancer le bateau en le " touant".

Dans le touage, le moteur est formé soit par un manège actionnant un cabestan, comme sur la Volga où l'on utilisa des toueurs contenant 200 chevaux, actionnant plusieurs manèges placés sur le pont, soit par un moteur à vapeur actionnant un treuil sur lequel s'enroule le câble qui entraîne tous les bateaux. Ce système de traction fut utilisé, en 1822 sur la Saône, en 1825 sur le Rhône, en 1854 sur la Seine entre Rouen et Montereau...

 Le Moyen Age avait utilisé le touage mécanique, grâce aux moulins installés sur les bateaux: par un système d'enroulage, ils permettaient de remonter le courant jusqu'au point d'attache. En 1935, on comptera encore 840 toueurs en service.

Sur les rivières et sur les fleuves, le mode de traction qui a prévalu est le REMORQUAGE; cette technique consistait à tirer un " train" de péniches à l'aide d'u câble; n'importe quel genre de bateau pouvait être tiré, il devait seulement posséder un gouvernail. Ce système de traction sera détrôné par l'arrivée vers 1920 de l'automoteur qui prendra son essor grâce à l'apparition du moteur diesel.

En moins de 30 ans, la Batellerie passera de la péniche tractée sur berge ou remorquée, au convoi piloté au radar. En un mot, de la traction animale~à l'âge de l'électronique.

C'est aux États-Unis, où le POUSSAGE est pratiqué depuis longtemps, que nos industriels, propriétaires de flottes privées et transporteurs publics, étudieront cette technique dans laquelle ils trouvaient une sérieuse économie de main-d'œuvre.

Nous savons, en effet, que pour 1.000 tonnes il faut 4,5 personnes avec l'automoteur classique, 3 personnes avec l'auto- moteur pousseur, 1,25 personne avec le convoi poussé de Seine,0,5 personne avec le convoi poussé du Rhin (chiffres cités par M. Bernheim, directeur de l'O.N.N., le 14.4.1972 sur le journal de la Navigation de Strasbourg).

Parallèlement à l'évolution des techniques, il est à noter une diminution du matériel, très sensible ces dernières années. C'est, après l'apparition du chemin de fer, la deuxième fois que la Batellerie se trouve confrontée au cruel problème de son avenir.

Le premier recensement de 1887 dénombrait 16.403 bateaux en 1935: 14.490; en 1976: 6.099... les chiffres sont éloquents !

Après cette longue marche à travers le temps qui nous a permis de suivre l'évolution de la Batellerie, il m'a paru essentiel que nous rencontrions l'homme qui vit sur ces péniches: LE MARINIER.

Ce deuxième chapitre tentera, bien amicalement, de percer quelque chose du mystère qui entoure celui qui, pour beaucoup, reste un INCONNU.

                                                          PHOTOS :

      LA "SÈMAQUE"  LA BRICOLE  LA TRACTION ANIMALE  LE HALAGE   
                                                  TOUEUR  REMORQUEUR 

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